A l’heure où la chaleur de l’été commence tout doucement à glisser vers d’autres horizons et où nous nous apprêtons à profiter de l’été Indien, je proposai une petite boucle touristique sur 2 jours vers le célèbre Mont Mézenc avec une nuitée au non moins célèbre gite de Médille Chez Christine.
Nous sommes huit au rendez-vous. Le café/croustades/croissants, accueilli à 9h00 chez Françoise et Michel nous permet déjà de détailler du coin de l’oeil les forces en présence.
2 petites Honda pilotées par Christian et Eric qui offrent pour l’occasion un baptème à Angeline et Chantal et 2 énormes Yamaha conduites par François et Michel qui emmènent Christine et Françoise, 2 passagères chevronnées, et quelques compléments liquides vitaminés.
Le départ se fait sous une température clémente de 20°c mais un vent du nord violent. Nous filons donc par les petites route pour oublier au plus vite le mistral , via Goudargues, en direction du 1er plateau Ardéchois qui précède Vallon Pont d’Arc. C’est sans compter sur la chaîne de la Dominator qui nous joue par 2 fois les filles de l’air et nous incite pour l’occasion à soulager nos vessies.
Depuis Vallon, nous quittons rapidement la route principale pour nous engager dans le défilé de Ruoms, puis Largentière et direction vers Valgorge et le col de Bez où je prévois une petite halte gastronomique dans une Auberge.
A mesure de notre progression nous admirons le coin sauvage, à travers une succession de virages qui font le bonheur des motards et le théâtre des spéciales de rallyes du coin. Le vent s’est un peu calmé à l’abri des hauts monts d’Ardèche mais nous sentons la fraîcheur nous envahir.
Arrivés sur les hauteurs, la plupart des restos sont fermés…??? C’est que notre horloge biologique s’est déclenchée. Je n’ai pas entendu François crier « On n’a qu’à s’arrêter là ! » en passant à côté d’un petit resto de bord de route, que je fonce déjà vers l’auberge du col de Bez, le couteau entre les dents et un saucisson dans les yeux, MANGER ! maintenant il faut faire l’apéro et manger!
Un gros doute nous envahit devant l’auberge fermée du col de Bez, le ciel s’est assombri, nos ventres presque vides sont tenaillés par le froid qui commence à s’installer dans nos corps. J’entrevois les regards du groupe et presque leurs dents acérées….faut que je fasse quelque chose là, y vont me bouffer !!!
Nous devons notre salut à l’auberge de la station de ski de la croix de Bauzon et à la, encore, lucidité de Michel qui a vu l’endroit « ouvert » sur un panneau.
il fait 5°c dehors lorsque nous nous engouffrons dans le resto. Les verres trinquent et les fourchettes s’agitent, nous allons réfléchir à la suite du parcours jusqu’au gîte du soir car le temps a viré au gris. Les nuages défilent à une vitesse supersonique en altitude et je pressent que la Burle nous attend, bras ouverts,pour nous absorber dans son ventre froid, au pied du Mont Gerbier des Joncs.
Je jauge rapidement ma compagne qui me dit être plutôt bien abritée entre son pilote et le » Topcaisse »???, elle vient carrément de traiter ma valise dernier cri de « cagette ».
Christine souhaiterai pour sa part passer la soirée sur place.
Nous allons donc tirer au plus court jusqu’au gite du soir sous la direction de Docteur GPS alias François.
Les esprits et les corps momentanément réconciliés, nous passons le col du pendu (1430m) dans un froid hivernal. Un petit crachin s’est installé avant la descente sur le col de la Chavade et un ravitaillement pour nos montures à la triste célèbre auberge de Peyrebeille. Au loin les hauteurs nous dévoilent, sous le ciel gris, un brouillard épais posé sur les monts du Mézenc. J’observe les petites chaussures d’Angéline et je ne peux avoir que du respect pour cette personne si courageuse et résistante.
Après Coucouron, Issarlès, le Beage, Ste Eulalie, je reprends la tête pour le final de la journée. Le brouillard est à couper au couteau, la burle hurle à nos oreilles son accueil, les motos sont ballottées par les bourrasques. Nous apercevons à peine les baraquements du mont Gerbier. Nous avons carrément changé de monde ou d’hémisphère, c’est l’hiver! Un renard s’enfuit au loin et un peu plus loin 2 chevreuils nous attendent en bord de route comme pétrifiés. Il fait 2°c lorsque nous arrivons au gîte vers 17h30. Vous avez dit BLIZZARD ???…..
Bilan 240 km de petites routes depuis Uzès, c\’est bien comme ça pour aujourd’hui.
Les motos bien au chaud dans l’étable, nous sommes accueillis par Christine qui nous confie qu’il a gelé cette nuit dernière. Nous prenons possession de nos chambres puis nous nous installons prés du feu de cheminée pour nous délasser autour d’une bière et de castagnou, un apéritif à base de sirop de châtaignes.
19h moins dix, c’est l’heure du pastis ! et du vin blanc de Gaujac! Les corps sont réchauffés; les rires et anecdotes ont pris la place aux conditions climatiques affrontées.
20h00, Belle équipe installée à la table de ferme pour une soupe spécial Christine suivi d’un agneau de ferme mijoté…merveilleusement accompagné du vin rouge soutiré des énormes yamaha.
un peu plus tard, à la fin du repas, j’observe mes compères regarder les bouteilles vides, l’air songeur….quand nous décidons de jouer à « DEVINEZ, C’EST GAGNE », avec la proposition bienvenue de Christine,qui nous pose sur la table 4 ou 5 bouteilles de digestifs maison non étiquetés. A toi, à moi, celle-ci sent la menthe, l’autre un peu le citron, les bouteilles tournent…. Dieu que ce jeu est difficile !
Nos compagnes décident de nous abandonner à notre sort et d’aller au lit. J’entends quelques « aie! aie! » qui rythment leurs pas. La moto même en balade et affronter les éléments restent physiques.
les RRRON-BZZZZZ…..font échos de part et d’autres.
9h00,dimanche matin, il fait 3°c dehors et le brouillard épais. On va d’abord prendre un bon petit déj, réparer la chaîne de la Honda et on avisera.
Le retour va se faire plus direct jusqu\’à Vals les Bains via Lachamp Rafael, à 40km/h dans un brouillard à couper au couteau. Après Mézilhac, nous retrouvons la visibilité et le soleil dans une belle descente où les motos dansent d’un virage à l’autre sur un bon rythme. D’ailleurs nous apprenons que certaines virent mieux à droite et d’autres à gauche…
Pause café à Vals, la chaleur rejoint nos corps, mais pas encore l’esprit de Christine qui nous confie n’apercevoir le ciel que lorsque la moto penche…..à méditer.
Puis traversée d’Aubenas et petite halte, direction Joyeuse, au resto de.la Clé des Champs à Montréal.
Après ce bel endroit, direction Ruoms, Barjac, et des paysages plus familiers, la vallée de la Cèze, La Roque sur Cèze, la montée de Sabran, Cavillargues, Gaujac et retour Uzès.
Bilan 185 km et 425 km au total pour ces 2 jours.
Voilà, nous sommes partis huit et les témoins d’une hivernale en été à quelques 150 km et 1400 m d’altitude de chez nous.
Pour Angeline et Chantal, c’était un beau baptême ! Pour l’ensemble du groupe, je l’ai vécu comme un bon moment de partage.
Moralité, quand tu pars là-haut, prends aussi ton manteau.
Voici quelques photos :